Plateforme du Collectif Échec à la guerre 

Présentation

Le Collectif tire son origine de l’appel de la « Coalition Comprendre et Agir pour une paix juste » à la création d’une plus vaste coalition pour freiner la menace d’une guerre contre l’Irak. Cette Coalition regroupait alors des groupes de solidarité internationale, des groupes communautaires et de femmes, des groupes religieux ainsi que des associations étudiantes et des organisations syndicales. Une cinquantaine de groupes répondirent à l’appel et formèrent, en octobre 2002, le Collectif Échec à la guerre. Au plus fort de la mobilisation, en mars 2003, plus de 200 organisations ont adhéré au Collectif.

Au moment de sa création (automne 2002), l’action du Collectif Échec à la guerre était entièrement centrée sur l’imminence de l’agression étasunienne contre l’Irak. Nos trois objectifs étaient d’affirmer notre opposition à cette guerre en préparation, d’exiger que le Canada refuse d’y participer et la condamne et d’exhorter les nations du monde à résister au chantage des États-Unis (É.-U.).

En 2003, après l’invasion et les débuts de l’occupation étrangère en Irak, nos discussions sur la signification plus générale de cette guerre nous ont amené à situer notre action dans un contexte plus large.  Dorénavant, c’est sur la lutte contre la tendance ouverte à la domination militaire des États-Unis sur la planète – et particulièrement contre la collusion et la participation canadienne à cette tendance – qu’allait se fonder le travail du Collectif Échec à la guerre. Nous avons alors adopté une plateforme qui est demeurée inchangée jusqu’en 2019. (Voir le texte de 2003)

À la suite de débats tenus aux assemblées générales annuelles de 2019 et de 2020, pour préciser la plateforme et mieux l’arrimer à l’évolution de la conjoncture, la formulation suivante a été adoptée le 17 juin 2020.

Plateforme du Collectif Échec à la guerre (2020)

A. NON À LA GUERRE, PLACE À LA PAIX !

Le Collectif Échec à la guerre s’oppose à toute guerre d’agression, à toute volonté de domination ou de contrôle entre pays, nations ou autres communautés humaines. Il préconise un monde de paix, qui doit reposer sur des rapports internationaux de justice, d’équité, de coopération et de solidarité visant simplement à répondre aux besoins communs de l’humanité.

Le monde dans lequel nous vivons est bien loin de cet idéal. Il est dominé par une économie capitaliste qui prétend assurer la prospérité et l’égalité de tous alors qu’elle enrichit toujours plus une minorité en accentuant les inégalités, en saccageant l’environnement, en épuisant les ressources et en provoquant le réchauffement climatique, qui menace la survie de l’humanité.

Les rivalités des puissances économiques mondiales ou régionales trouvent leur prolongement dans des systèmes de « défense » qui prétendent assurer la sécurité de leur population mais qui sont en réalité des instruments de contrôle, d’intimidation et de guerre visant la préservation et l’expansion des intérêts des grandes corporations multinationales partout dans le monde. Bien loin d’assurer notre sécurité, ces systèmes de « défense » menacent eux aussi la survie de l’humanité avec la perspective toujours imminente d’une guerre nucléaire et détournent des sommes colossales des fonds publics vers des complexes militaro-industriels insatiables.

Dans plusieurs pays du monde, la montée de l’extrême-droite, partisane d’un capitalisme et d’un militarisme sans entraves, ne fait qu’accroître les dangers qui nous confrontent.

Face à ces grands enjeux mondiaux, le Collectif Échec à la guerre inscrit son travail dans le contexte des politiques et des actions de l’État canadien, allié quasi-indéfectible de l’impérialisme étasunien.

B. L’IMPÉRIALISME ÉTASUNIEN, TOUJOURS LE PLUS MENAÇANT

De 1991 – année de la dissolution de l’URSS et du Pacte de Varsovie – jusqu’à aujourd’hui, la politique étrangère des États-Unis a été caractérisée par un état de guerre perpétuel : Irak, Somalie, Kosovo, Afghanistan, Irak à nouveau, Libye et Syrie. Sans compter les menaces et les sanctions draconiennes à l’encontre de Cuba, de l’Irak, de la Corée du Nord, de l’Iran et du Venezuela. Dans la propagande étasunienne, l’ennemi mortel que représentait le « communisme » a été remplacé par un amalgame de dangers, dont les « États voyous » et le « terrorisme », servant à justifier toutes leurs guerres.

Au cours de ces trois décennies, les forces en présence dans le monde ont certainement beaucoup changé. La Chine est devenue une superpuissance économique dont les investissements à l’étranger sont les deuxièmes en importance dans le monde. Ses dépenses militaires ont aussi beaucoup augmenté. La Russie, qui est demeurée une superpuissance nucléaire, assume à nouveau un rôle politique et militaire significatif, notamment dans la guerre en Syrie. L’Europe et le Japon continuent d’être des acteurs économiques de premier plan, tandis que d’autres puissances régionales se sont consolidées, notamment l’Inde.

Malgré ces changements, les États-Unis et leur politique de domination demeurent la plus grave menace militaire pour la sécurité collective des êtres humains. D’une part, ils possèdent encore une suprématie incontestée à ce niveau : des dépenses militaires supérieures au total combiné des sept autres pays en tête de liste (incluant la Chine et la Russie) et plus de 800 bases militaires à travers le monde. D’autre part, ils font manifestement usage de cet atout militaire pour compenser leur affaiblissement relatif sur le plan économique en recourant de plus en plus à l’intimidation et à la guerre. Pour avoir les coudées franches à cet égard, ils se sont unilatéralement retirés de la plupart des traités internationaux interdisant ou balisant divers types d’armements et ils se sont lancés dans des programmes de modernisation de tous leurs systèmes d’armements – y compris leurs armes nucléaires – entraînant une nouvelle course mondiale aux armements, coûteuse et périlleuse.

Cette prise de position envers la politique étrangère des É.-U. ne vise aucunement sa population, elle-même mise en danger par cette politique. C’est donc en solidarité avec des secteurs importants de la société étasunienne qui luttent déjà contre cette politique que nous menons notre travail.

C. LE CANADA, ALLIÉ ET COMPLICE DE L’IMPÉRIALISME ÉTASUNIEN

Depuis 30 ans, comme membre de l’OTAN ou de diverses « coalitions de volontaires », le Canada a été impliqué dans toutes les guerres menées par les États-Unis, en étant souvent associé à leur préparation et à leur commandement. Même en 2003, malgré l’annonce officielle du Premier ministre Jean Chrétien à l’effet que le Canada ne participerait pas à la guerre contre l’Irak, le Canada y a quand même participé de diverses façons et, surtout, il y est encore impliqué aujourd’hui.

Le Canada a aussi joué un rôle majeur dans le coup d’État qui a renversé le gouvernement Aristide en Haïti, en 2004 et il tient un rôle de premier plan, au sein du Groupe de Lima, dans le projet de « changement de régime » visant le gouvernement Maduro au Venezuela.

Si le Canada est le plus souvent à l’unisson avec les États-Unis sur la scène internationale, tant dans son discours que dans ses actions, ce n’est pas tant en raison des pressions qu’exercent les États-Unis en ce sens. Cela reflète plutôt l’intégration économique et la convergence d’intérêts des grands milieux d’affaires canadiens avec ceux de l’impérialisme étasunien. Au cours des dernières décennies, l’expansion des investissements directs des corporations canadiennes à l’étranger a été phénoménale, particulièrement dans le secteur minier mais aussi dans les secteurs pétrolier, gazier et de la construction. Ce sont les intérêts de cet impérialisme canadien qui s’expriment dans une politique étrangère de plus en plus militariste et alignée sur celle des États-Unis.

Le Collectif Échec à la guerre dénonce toute participation canadienne à de la propagande belliqueuse, à des actions d’ingérence et de déstabilisation, à des guerres d’agression et d’occupation et aux mandats néocoloniaux de « reconstruction » qui en résultent. Il exige le retrait du Canada de l’OTAN. Il s’oppose à la montée du militarisme ici même et au rôle néfaste du Canada dans le commerce mondial des armes et il revendique un programme de reconversion de l’industrie militaire canadienne à des fins civiles Il s’oppose à toute participation canadienne au projet de bouclier anti-missiles nord-américain.

D. POUR UNE SOCIÉTÉ INTERNATIONALE RESPECTUEUSE DE L’ÉGALITÉ DES PEUPLES

Le Collectif Échec à la guerre s’oppose fermement au détournement des Nations Unies en faveur des projets belliqueux des États-Unis et à la marginalisation de l’ONU par des faits accomplis unilatéraux qui violent la Charte même de cette organisation et d’autres instruments du droit international. À cet égard, nous appelons au renforcement du rôle de l’Assemblée générale des Nations Unies pour faire face à la nouvelle situation internationale et faire échec à la domination militaire des États-Unis.