par Paul Larudee, 5 mai 2013, pour l’équipe du Free Palestine Movement.
En plus du rapport et de l’appel à la communauté internationale quatre dépêches ont été publiées en lien avec cette délégation, par Paul Larudee, pour l’équipe du Free Palestine Movement,
- Dépêche no 1 de la délégation Moussalaha en Syrie : Quand pourrons-nous rentrer ?
- Dépêche no 2 de la délégation Moussalaha en Syrie
- Dépêche no 3 de la délégation Moussalaha en Syrie : libération de prisonniers, attaque contre Mère Agnès et projet Homs
- Dépêche no 4 de la délégation Moussalaha en Syrie : Déclarations de la délégation, libération des prisonniers
Au centre d’enregistrement du HCR à Zahlé, surplombant la vallée, le retard va jusqu’à quatre mois. Un homme m’a dit que lui et sa famille, avec un nouveau-né, vivaient depuis plus de deux mois dans l’espace entre deux voitures avec tout ce qu’ils pouvaient trouver comme toit et quelques chaises. D’autres vivent à vingt dans une pièce d’un entrepôt, avec des matelas occupant presque tout l’espace au sol pendant la nuit. Dans une très large mesure, les réfugiés sont sans assistance, négociant leur logement là où ils peuvent avec les quelques ressources dont ils disposent.
La plupart des hommes et certaines femmes ne veulent pas être photographiés, mais les enfants n’y voient pas d’inconvénient. Plusieurs personnes de Qusayr, une ville à la frontière libanaise, ont déclaré que lorsque les manifestations ont commencé il y a deux ans, elles étaient non violentes et les responsables locaux dégageaient même les routes pour elles. Cependant, alors que les manifestations se faisaient plus violentes, le gouvernement central n’a rien fait et la ville a finalement été envahie par des éléments armés locaux et des combattants étrangers de Tchétchénie, d’Azerbaïdjan et d’autres origines. C’est seulement après la fuite de la population que les troupes syriennes sont finalement arrivées pour mater la rébellion, ce qui apparemment n’a pas encore été pleinement accompli.
Je n’ai aucun moyen d’évaluer l’exactitude de ces histoires, ni de généraliser, mais au moins mes compétences modestes en langue arabe me permettent d’entamer des conversations avec qui je veux, et il n’y a pas de pions du gouvernement au Liban. Néanmoins, nous voulons tous rencontrer des groupes qui ont une histoire très différente à raconter, et Mère Agnès-Myriam a inclus ces opportunités dans notre programme, même Jabhat al-Nusrah, le membre d’Al-Qaeda, avec qui aucun de nous ne s’attendait à pouvoir parler.
Je dois dire que Mussalaha dépasse nos attentes et que cela est dû en grande partie aux qualités de chef de Mère Agnès, une nonne plus robuste que vous ne pourriez jamais en rencontrer. Elle est intrépide, infatigable et implacable. La patience n’est pas son fort mais bien la compassion, et sans souci de l’identité de la personne dans le besoin. Pour cette raison, Mussalaha a gagné le respect – parfois à contrecœur- d’un très large éventail de communautés dans et en dehors de la Syrie. Bien que Mussalaha ait une forte orientation chrétienne, son président est le Dr Hassan Yaacoub, un politicien chiite qui appartient au parti majoritairement chrétien du général Michel Aoun, allié du parti Hezbollah. Vous auriez le droit de trouver que rien de tout cela ne correspond à l’une ou l’autre hypothèse que vous ayez tenue jusqu’à présent.
Nous avons également eu de nombreuses rencontres avec les chefs religieux des diverses communautés du Liban, y compris les principales confessions chrétiennes, ainsi que les chefs spirituels chiite et druze. Ils sont tous en contact avec les membres syriens de leur communauté et avaient beaucoup de choses à dire. Le message : tout d’abord arrêtez les combats, ensuite asseyez-vous ensemble, défendez vos priorités par des moyens pacifiques, et soyez prêts à faire des compromis. Malheureusement, le grand mufti de la communauté sunnite au Liban a dû inverser ses plans pour venir nous rencontrer. Nous avons des raisons de croire qu’il aurait pu transmettre le même message, mais sa communauté est divisée sur certaines de ces questions, ce qui gêne toute déclaration de sa part en ce moment.
Il est regrettable que l’ancien membre du Congrès Dennis Kucinich ne se soit pas joint à nous. Cependant, la présence du Prix Nobel de la Paix Mairead Maguire – une autre femme intrépide et charitable – fournit une force d’inspiration et une place de premier plan à notre groupe et nous apporte la visibilité dont nous avons besoin. Le reste du groupe apporte un excellent équilibre de compétences et d’expérience et, pour un groupe aussi diversifié, nous trouvons que nous travaillons remarquablement bien ensemble.
La prochaine mission partira de Damas, mais je ne dis pas quand. J’en aurai une autre après mon retour aux Etats-Unis. La Syrie a besoin d’un miracle, mais ces gens-là croient aux miracles.