« L’enfer sur terre »: des millions d’Afghan.e.s font face à la famine alors que les États-Unis et leurs alliés occidentaux gèlent des milliards de fonds gouvernementaux (traduction)

Democracy Now!, 16 novembre 2021

Entrevue originale en anglais [Traduction et révision : Échec à la guerre]

Entrevue avec Jan Egeland, secrétaire-général du Conseil norvégien pour les réfugié.e.s, menée par Amy Goodman et Juan Gonzalez, animateurs de Democracy Now!

AMY GOODMAN : Nous commençons aujourd’hui en Afghanistan, où les conditions humanitaires et économiques se détériorent rapidement. Lundi, le secrétaire d’État des États-Unis Antony Blinken a tenu un appel vidéo avec des membres de la coalition AfghanEvac, qui ont déclaré avoir besoin de plus d’aide pour évacuer des dizaines de milliers de personnes qui pourraient être ciblées sous le gouvernement taliban, et ont noté, je cite : « L’hiver approche. Il y a déjà une famine. » Les Nations Unies estiment que 60% – soit plus de la moitié de la population afghane – souffrent désormais d’une faim aiguë et que le pays est confronté à une crise financière, après que les États-Unis et d’autres pays occidentaux eurent interrompu l’aide financière directe au gouvernement. Les dirigeants talibans sont également incapables d’accéder aux milliards de dollars de réserves nationales afghanes détenues dans des banques à l’étranger. Le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial, David Beasley, a déclaré à la BBC que l’Afghanistan est désormais la pire crise humanitaire sur Terre.

DAVID BEASLEY : C’est aussi grave que vous pouvez l’imaginer. En fait, nous faisons maintenant face à la pire crise humanitaire sur Terre. Quatre-vingt-quinze pour cent des gens n’ont pas assez de nourriture, et maintenant nous voyons 23 millions de personnes qui souffrent de la faim. Sur ce nombre, près de 9 millions sont aux portes de la famine. Les mois d’hiver arrivent. Nous sortons d’une sécheresse. Les six prochains mois vont être catastrophiques. Ça va être l’enfer sur Terre.

AMY GOODMAN : L’ONU estime qu’un demi-million de personnes pourraient fuir l’Afghanistan d’ici la fin de l’année. Des milliers de réfugié.e.s afghans traversent maintenant la frontière avec l’Iran voisin. Selon le Conseil norvégien pour les réfugié.e.s, jusqu’à 5 000 Afghan.e.s fuient chaque jour en Iran. Cela pourrait déclencher une autre crise en Europe, où l’Union européenne a accepté lundi de nouvelles sanctions contre la Biélorussie pour avoir amené quelque 4 000 migrant.e.s à la frontière avec la Pologne et les avoir abandonnés dans des forêts glaciales.

Pour en savoir plus, nous sommes rejoints par le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugié.e.s, Jan Egeland, qui se trouve à Oslo, en Norvège. Il vient de rentrer d’un voyage en Iran, où il a rencontré des réfugié.e.s afghans dans un camp de réfugiés. Il a récemment tweeté, je cite : « L’Iran à lui seul accueille plus d’Afghan.e.s déplacés que 30 pays européens réunis. Malgré cela, les pays du « Championnat d’Europe pour l’installation de barbelés contre les réfugié.e.s » n’accordent que des fonds négligeables aux Afghans déplacés ailleurs. » Son article d’opinion récent dans le New York Times est intitulé « L’Afghanistan fait face à un effondrement économique total ».

Jan Egeland, bienvenue à nouveau à Democracy Now ! Décrivez l’ampleur de la catastrophe en Afghanistan en ce moment et ce qui devrait être fait, selon vous.

JAN EGELAND : Eh bien, j’étais moi-même récemment aussi en Afghanistan, et je me suis assis avec les mères dans ces camps de déplacé.e.s autour de Kaboul. Et je leur ai demandé : « Et l’avenir ? Que pensez-vous de l’avenir ? » Et elles m’ont dit très clairement : « Nous pensons que nous allons mourir de faim et de froid en cet hiver rigoureux, à moins qu’une énorme opération d’aide n’arrive et à moins qu’il n’y ait à nouveau un secteur public capable de fournir des services. » C’est aussi aigu que ça. Quarante millions de civils ont été laissés pour compte lorsque les pays de l’OTAN ont franchi la porte en août.

JUAN GONZÁLEZ : Jan Egeland, les pays de l’OTAN n’ont pas seulement franchi la porte, ils ont emporté toutes les réserves financières de l’Afghanistan avec eux en partant. Ils ont gelé les avoirs du gouvernement afghan. Pourriez-vous parler du rôle de cet enjeu, de tout l’argent en Afghanistan qui est essentiellement pris en otage par les pays occidentaux qui sont partis?

JAN EGELAND : Eh bien, oui. Je veux dire, il y a eu beaucoup de problèmes au cours des 20 dernières années, et l’un d’eux est qu’il y avait une énorme dépendance à l’aide. Ainsi, 70 % des enseignant.e.s, infirmières, médecins, hydrotechniciens, éboueurs, fonctionnaires recevaient leurs salaires des bailleurs de fonds occidentaux pour le développement. Cela a été coupé du jour au lendemain. J’ai donc rencontré des enseignant.e.s désireux de relancer l’éducation des filles et l’éducation des garçons. Ils n’avaient pas été payés depuis mai. Les banques sont paralysées à cause du gel des avoirs; donc nous, le Conseil norvégien pour les réfugié.e.s, ne pouvons pas transférer d’argent à nos collègues de Kaboul via le système bancaire local, ni même extraire de l’argent là-bas pour payer les salaires de nos 2 000 travailleuses et travailleurs humanitaires qui n’ont pas quitté l’Afghanistan, qui sont là pour rester et livrer, à cause de ce gel de l’économie. Bien sûr, les talibans ont une énorme responsabilité en matière de bonne gouvernance dans le pays où ils ont pris le pouvoir, mais je crois sincèrement que les pays de l’OTAN ne doivent pas oublier qu’ils ont laissé derrière eux 40 millions de personnes.

JUAN GONZÁLEZ : Et aussi, pourriez-vous parler du rôle de l’Iran et du Pakistan, qui ont essentiellement assumé la responsabilité d’une énorme population de réfugié.e.s, qu’on estime à 3 millions d’Afghan.e.s en Iran seulement, et l’échec, encore une fois, de l’Occident à aider ces pays dans leur efforts pour aider les réfugié.e.s?

JAN EGELAND : Oui, en effet. Je veux dire, 90 % des réfugié.e.s afghans — et il y en a plusieurs millions — se sont accumulés en 40 ans de combats depuis l’invasion soviétique en Afghanistan il y a 40 ans. Les 90 % de ces réfugié.e.s se trouvent dans deux pays : l’Iran et le Pakistan. Ils ne sont pas en Europe. Ils ne sont pas en Amérique du Nord. Ils ne sont pas dans les pays riches. Ils sont dans ces deux pays voisins. Et en Iran, où j’étais, les réfugié.e.s reçoivent une éducation et des soins de santé, etc., mais les communautés d’accueil iraniennes ne reçoivent vraiment pas beaucoup d’aide internationale. Donc, maintenant que 4 000 ou 5 000 franchissent la frontière chaque jour, 320 000 depuis que les talibans ont pris le pouvoir, je veux dire, cela signifie que les réfugié.e.s afghans en Iran ont très peur de l’avenir, car ils pensent que le peu qu’ils ont doit être divisé en portions encore plus petites pour tous ceux qui traversent la frontière. Il faut investir dans l’espoir à l’intérieur de l’Afghanistan mais aussi dans les deux pays voisins.

AMY GOODMAN : J’aimerais savoir quelles sont les conditions dans les centres de santé en Afghanistan. Au préalable, voici un extrait d’une émission de France 24 où l’on entend Hasseebullah Barakzai, administrateur d’un hôpital de Kaboul, où les patients doivent acheter leurs propres médicaments, gants et seringues. Le clip commence avec Masood, un infirmier à l’hôpital.

MASOOD : [traduit] Vous voyez, nous n’avons aucun médicament ici. Nous avions l’habitude d’avoir des antibiotiques, des analgésiques et des vitamines ici, mais c’est vide maintenant. Dans cette armoire, nous avions des médicaments pour les patients cardiaques. Maintenant, nous n’avons même plus un comprimé. Ce refroidisseur d’eau ne fonctionne plus. Écoutez, nous n’avons même pas d’eau pour nous laver les mains.

HASSEEBULLAH BARAKZAI : [traduit] Nous n’avons pas assez de nourriture pour les patients. L’hiver est là et nous n’avons pas assez de combustible pour le système de chauffage.

AMY GOODMAN : L’Afghanistan souffrait déjà de décennies de guerre, de sécheresse et d’effondrement économique avant la prise de contrôle des talibans, mais maintenant les responsables de l’ONU ont mis en garde contre une crise humanitaire bien pire dans le pays, avec 23 millions de personnes confrontées à la faim et 9 millions sur le bord de la famine. Les enfants sont les plus touchés par la crise. L’ONU a averti que si une aide humanitaire d’urgence n’est pas fournie, plus d’un million d’enfants mourront de malnutrition. La BBC s’est entretenue avec une mère dont les deux enfants, souffrant de malnutrition aigüe, étaient hospitalisés.

MÈRE : [traduit] Sa douleur, sa souffrance, je la ressens aussi. Dieu seul sait ce que je vis quand je le regarde. Deux de mes enfants risquent la mort parce que nous n’avons pas d’argent. Je veux que le monde aide le peuple afghan. Je ne veux pas qu’une autre mère voit ses enfants souffrir comme ça.

AMY GOODMAN : Ce sont là quelques-unes des voix de l’Afghanistan. Jan Egeland, comme Juan vient de le souligner, lorsque les talibans ont renversé le gouvernement afghan, le pays a soudainement perdu l’accès à 9 milliards de dollars de réserves de la Banque centrale, gelées par l’administration Biden. À ces pays qui disent : « Nous ne soutiendrons pas les talibans, donc nous ne donnerons pas d’argent », que leur répondez-vous ?

JAN EGELAND : Eh bien, je dis : « D’accord. » L’argent ne devrait pas aller au groupe politique militaire appelé les talibans qui ont pris le pouvoir par la force. L’argent doit aller au peuple, et c’est possible.

Donc, premièrement, il doit y avoir des fonds en fiducie, comme nous les appelons, qui sont détenus par des agences des Nations Unies, qui acheminent l’argent directement vers les hôpitaux, que vous venez de montrer, où des gens meurent en ce moment. L’argent peut aussi aller directement aux enseignant.e.s qui étaient auparavant payés par la Banque mondiale, il peut leur être versé directement. Ainsi, l’argent peut transiter par nous, les organisations internationales, directement au peuple.

Deuxièmement, il faut débloquer les fonds qui permettront aux banques de fonctionner à nouveau. Pour le moment, nous ne pouvons même pas acheter d’articles de secours en Afghanistan. Nous devons les expédier, les reprendre du Pakistan et de l’Iran, ce qui signifie que l’emploi se meurt en Afghanistan.

Et troisièmement, les donateurs, descendez de la clôture. Voyez que nous sommes là. Nous sommes des canaux de financement fiables. L’argent ira au peuple. Transmettez du financement, pas seulement des promesses de dons. Ce pays ne deviendra pas la Suisse avant longtemps. Vous devez partager le risque avec nous pour sauver des vies cet hiver.

JUAN GONZÁLEZ : Et, Jan Egeland, je voulais vous demander : n’est-il pas dans l’intérêt de l’OTAN et des pays occidentaux qui étaient en Afghanistan d’assurer un minimum de gouvernement ordonné en Afghanistan ? Parce que si les talibans ne sont pas en mesure de fournir des services de base à leur population, cela ne pourrait-il pas donner lieu à la montée de groupes encore plus extrémistes dans le pays, comme l’État islamique ?

JAN EGELAND : Cela pourrait bien être. Mais de toute façon, je dirais que personne ne veut une implosion en Afghanistan, où 40 millions de personnes se disent : « Je n’ai aucun espoir ici. Je dois partir. » Je veux dire, ce qui se produirait – les gens utiliseraient alors les pays voisins comme transition, un canal pour aller ailleurs, y compris en Europe, où nous nous sommes emballés dans une hystérie pour quelques milliers de migrants à la frontière polono-européenne. Des centaines de milliers de personnes se sont maintenant rassemblées à la frontière irano-afghane du côté afghan avec l’intention de passer outre. Les réfugiés iraniens à qui j’ai parlé ont dit : « Tous nos proches ont commencé à errer. » Ils veulent venir en Iran, et ils veulent poursuivre vers l’Europe. Il est donc dans l’intérêt de tous de stabiliser les choses en Afghanistan, et je viens d’énumérer les trois choses qui peuvent être faites. Ce n’est pas sorcier. Cela doit arriver demain. Nous n’avons pas vraiment de temps avant que la mort ne commence massivement son œuvre.

AMY GOODMAN : Écoutons un moment Hassan Esfandiar du Croissant-Rouge iranien, qui a parlé à Al Jazeera des difficultés à venir en aide aux milliers d’Afghan.e.s que vous venez de décrire en train d’arriver chaque jour à la frontière.

HASSAN ESFANDIAR : En raison de la situation actuelle des sanctions à l’encontre du pays, nous ne pouvons malheureusement pas ou nous n’avons pas pu recevoir l’aide des dons internationaux car les canaux bancaires sont bloqués, et alors nous ne sommes pas en mesure de recevoir les dons humanitaires. Ainsi, jusqu’à présent, le Croissant-Rouge iranien a essayé de fournir ses propres ressources aux populations afghanes déplacées qui s’approchent de la frontière. Comme cela est mentionné par vos collègues dans le rapport, le nombre moyen de personnes qui s’approchent des frontières iraniennes se situe entre 2 000 et 7 000 par jour, c’est donc un nombre énorme.

AMY GOODMAN : Alors, Jan Egeland, bien sûr, les États-Unis appliquent des sanctions contre l’Iran, alors comment aider l’Iran à faire face à ce nombre de réfugié.e.s qui traversent la frontière, 4 000 ou 5 000 chaque jour ? Ce qui retient l’attention de l’Occident, c’est ce qui se passe en Europe de l’Est. Plus tôt aujourd’hui, des gardes-frontières polonais ont tiré des gaz lacrymogènes et utilisé des canons à eau contre des centaines de demandeurs d’asile qui tentaient de se frayer un chemin à travers une barrière de barbelés à lames tranchantes érigée le long de la frontière polono-biélorusse. Cela fait 4 000 à 5 000 réfugié.e.s là-bas au total. Ce qui se passe en Iran, c’est tous les jours. Alors, si vous pouviez aborder les deux sujets, de l’Iran à la frontière polono-biélorusse ?

JAN EGELAND : Eh bien, en tant qu’Européen, j’ai honte de ce qui se passe dans notre partie du monde, de ce que fait la Biélorussie en utilisant des migrant.e.s vulnérables comme des pions d’échecs dans une sorte de jeu de pouvoir, puis de l’Europe qui dit en gros : « Nous n’allons traiter aucune demande d’asile » — en violation du droit international — « Nous allons jeter tout le monde dehors », puis les migrant.e.s dans une sorte d’impasse coincés entre deux armées qui veulent qu’ils partent dans des directions opposées. Ça, c’est l’Europe avec quelques milliers de cas. En Iran, nous avons actuellement entre trois millions et demi et quatre millions d’Afghan.e.s. Trois et demi à quatre millions. Je pense qu’il faut vraiment en prendre la pleine mesure — et il y en a 4 000 ou 5 000 de plus par jour, et un très petit programme d’aide internationale.

Encore une fois, les Nations Unies sont là avec le HCR, l’agence pour les réfugié.e.s. Le Conseil norvégien pour les réfugié.e.s est là. Nous pouvons faire plus. Nous avons besoin de plus de financement. Nous demandons également plus de liberté d’action aux autorités iraniennes pour gagner cette course contre l’hiver des deux côtés de la frontière, à l’intérieur de l’Afghanistan mais aussi en Iran et au Pakistan. Il faut comprendre qu’il y a beaucoup en jeu. Ce n’est pas une petite catastrophe. Ce sont 23 millions de personnes qui n’ont plus de nourriture. Ils et elles vont se mettre en marche. Je partirais aussi si j’étais dans cette situation. Je partirais là où je pourrais trouver de la nourriture pour mes enfants.

JUAN GONZÁLEZ : Et, Jan Egeland, dans le rôle particulier des États-Unis dans tout cela en tant que principale puissance qui a mené la guerre en Afghanistan pendant tant d’années, puis le retrait soudain de l’administration Biden, que recommanderiez-vous à l’administration Biden de faire maintenant?

JAN EGELAND : Les États-Unis devraient diriger, vraiment, comme ils l’ont fait dans le projet politique militaire au cours des 20 dernières années; ils devraient diriger l’opération de secours humanitaire. Débloquer les actifs nécessaires au démarrage du secteur public. La Banque mondiale retient des fonds. Ainsi, lorsque j’ai écrit au président de la Banque mondiale, sa réponse a été : « Eh bien, nous sommes prêts à faire des choses si les États membres de notre conseil d’administration, les États-Unis et d’autres, nous disent de débloquer de l’argent. Nous ne pouvons pas débloquer de l’argent. » Il est bloqué là pour les enseignant.e.s, les infirmières et les hôpitaux et ainsi de suite en Afghanistan.

Et aussi, nous permettre, en tant qu’organisations, de vraiment travailler de manière efficace et efficiente des deux côtés de la frontière. Les sanctions contre l’Iran rendent notre travail difficile dans une certaine mesure. Et le Conseil norvégien pour les réfugié.e.s n’a même pas pu transférer d’argent pendant une année complète après que l’administration Trump eut commencé ces sanctions, car il n’y avait pas de banques avec assez d’épine dorsale pour transférer l’argent de l’aide à nos employé.e.s parce qu’elles avaient tellement peur de faire face, un jour, à tribunal de New York en raison d’une violation potentielle de ces sanctions. C’est paralysant pour nous qui sommes aux premières lignes de l’humanité.

AMY GOODMAN : Jan Egeland, le sommet des Nations Unies sur le climat vient de se terminer à Glasgow avec un pacte considérablement affaibli qui, selon les militant.e.s, les scientifiques et de nombreux gouvernements, est bien en deçà de ce qui est nécessaire pour éviter une catastrophe climatique. Vous avez tweeté : « Cet accord vaut mieux que pas d’accord du tout, mais il est loin d’atteindre la justice climatique et d’éviter les déplacements liés aux catastrophes. Il y a trop de pollueurs crachant du carbone parmi les négociateurs. Le combat doit maintenant être mené contre chaque grand pollueur. » Nommez des noms. Parlez spécifiquement de ce qui doit être fait et de la manière dont la catastrophe climatique génère des réfugiés climatiques.

JAN EGELAND : Eh bien, je commencerais, en fait, par m’adresser à ceux qui ont l’intention de brûler beaucoup de charbon maintenant, cela conduira à — et l’Afghanistan et l’Iran, dont nous parlons, subissent tous deux des sécheresses massives en ce moment. Qui sont alimentées par le changement climatique. Donc, vraiment, ce sont les grands pays industrialisés qui doivent en faire le plus, y compris la Chine et maintenant l’Inde, qui crachent du carbone et prévoient d’en cracher beaucoup plus dans les années à venir. Nous devons appeler un chat un chat. Regardez d’où viennent les émissions, et toutes doivent baisser considérablement. Les Afghan.e.s n’émettent rien vraiment, et ils sont les premiers à mourir de faim à cause de cela. Le marasme économique et les sécheresses ont créé le chaos en Afghanistan. Idem dans la ceinture sahélienne. J’étais dans des endroits comme le Burkina Faso et le Niger et ainsi de suite, et vous voyez à quel point ils sont vulnérables. Ils ne sont responsables d’aucune émission, vraiment, au cours des dernières décennies, et ils sont les premiers et les plus durement touchés.

AMY GOODMAN : Jan Egeland, nous tenons à vous remercier d’avoir été avec nous, secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugié.e.s. Nous créerons un lien vers votre « article » : https://www.nytimes.com/2021/10/12/opinion/afghanistan-taliban-g20-aid.html  dans le New York Times, « Afghanistan Is Facing a Total Economic Meltdown. » Il nous a parlé depuis Oslo, en Norvège.