Manifeste pour la paix, de Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht du 10 février 2023 lu par Ariane Émond
25 février 2023
Manifeste pour la paix, de Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht du 10 février 2023
Lu à Montréal le 25 février 2023 par Ariane Émond, féministe, animatrice, auteure et marraine de notre campagne annuelle du coquelicot blanc, lors du rassemblement organisé par le Collectif Échec à la guerre.
Aujourd’hui, en date du 10 février 2023, c’est le 352e jour de guerre en Ukraine. Plus de 200 000 soldats et 50 000 civils ont été tués jusqu’à présent. Des femmes ont été violées, des enfants ont été effrayés, tout un peuple a été traumatisé. Si les combats continuent ainsi, l’Ukraine sera bientôt un pays dépeuplé et détruit. De plus, de nombreuses personnes dans toute l’Europe ont peur d’une extension de la guerre. Elles craignent pour leur avenir et celui de leurs enfants.
La population ukrainienne, brutalement envahie par la Russie, a besoin de notre solidarité. Mais qu’est-ce qui serait solidaire maintenant ? Combien de temps encore faudra-t-il se battre et mourir sur le champ de bataille ukrainien ? Et quel est aujourd’hui, après un an, l’objectif de cette guerre ? La ministre allemande des Affaires étrangères a récemment évoqué le fait que « nous » menions une « guerre contre la Russie ». Sérieux?
Le Président Zelensky ne fait pas mystère de son objectif. Après les chars promis, il exige désormais des avions de combat, des missiles à longue portée et des navires de guerre – pour vaincre la Russie sur toute la ligne ? Le chancelier allemand assure encore qu’il ne veut pas envoyer d’avions de combat ni de « troupes au sol ». Mais combien de « lignes rouges » ont déjà été franchies ces derniers mois ?
Il est à craindre que Poutine ne lance une contre-attaque maximale au plus tard lors d’une attaque contre la Crimée. Sommes-nous alors inexorablement entraînés sur une pente glissante vers la guerre mondiale et la guerre nucléaire ? Ce ne serait pas la première grande guerre à avoir commencé ainsi. Mais ce serait peut-être la dernière.
L’Ukraine, soutenue par l’Occident, peut certes gagner quelques batailles. Mais elle ne peut pas gagner une guerre contre la plus grande puissance nucléaire du monde. C’est également ce que dit le plus haut responsable militaire des Etats-Unis, le général Milley. Il parle d’une impasse dans laquelle aucun camp ne peut l’emporter militairement et où la guerre ne peut prendre fin qu’à la table des négociations. Alors pourquoi pas maintenant ? Tout de suite !
Négocier ne signifie pas capituler. Négocier signifie faire des compromis, des deux côtés. Avec pour objectif d’éviter des centaines de milliers de morts supplémentaires et pire encore. C’est ce que nous pensons aussi, c’est ce que pense aussi la moitié de la population allemande. Il est temps de nous écouter !
Nous, citoyennes et citoyens allemands, ne pouvons pas agir directement sur l’Amérique et la Russie ou sur nos voisins européens. Mais nous pouvons et devons mettre notre gouvernement et le chancelier face à leurs responsabilités et lui rappeler son serment : « détourner les dommages du peuple allemand ».
Nous demandons au chancelier de mettre un terme à l’escalade des livraisons d’armes. Maintenant ! Il devrait prendre la tête d’une alliance forte au niveau allemand et européen pour un cessez-le-feu et des négociations de paix. Maintenant ! Car chaque jour perdu coûte jusqu’à 1 000 vies supplémentaires – et nous rapproche d’une troisième guerre mondiale.
Alice Schwarzer et Sahra Wagenknecht
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