Depuis 2001, le discours officiel de la guerre « contre le terrorisme » sert de paravent pour justifier les avancées militaires au Moyen-Orient et en Asie centrale de l’empire étasunien et de ses proches alliés. Il est aussi invoqué par des régimes dictatoriaux à l’encontre des velléités démocratiques de leurs populations. Or, dans sa résolution, l’ADQ présente la mort de Ben Laden comme une avancée qui doit encourager l’OTAN à poursuivre sa guerre d’occupation en Afghanistan. À l’évidence, vu son rôle de représentativité, l’Assemblée nationale du Québec devrait s’abstenir de tout appui à une guerre que la grande majorité de la population québécoise désapprouve de façon non équivoque.
Contrairement à la député péquiste Louise Beaudoin, nous n’approuvons pas non plus le ton du président Obama sur la question, qui est loin de la sobriété : discours à la nation, visite à Ground Zero, et même, une rencontre avec le commando qui a abattu Ben Laden. Mais c’est davantage sur le fond de la question que nous divergeons. Contrairement au président Obama, nous ne pensons pas que « justice a été faite ». La justice aurait exigé de véritables efforts pour capturer Ben Laden vivant et lui intenter un procès public observant toutes les règles du droit. Un procès qui aurait pu se révéler embarrassant… L’assassinat sélectif nous ramène au contraire au « Far West » où chacun, à son gré, se « fait justice ».
Si l’Assemblée nationale du Québec veut réfléchir sur des enjeux qui ne relèvent pas immédiatement de sa juridiction mais qui nous concernent toutes et tous, elle devrait s’interroger sur cette dérive inquiétante.