Communiqué du 16 avril 2004: Le gouvernement du Canada ne peut plus garder silence face à l’occupation de l’Irak

Montréal, le 16 avril 2004 – Le Collectif Échec à la Guerre appelle le gouvernement du Canada à dénoncer les crimes commis par les forces d’occupation étasuniennes en Irak et à prendre officiellement position en demandant la fin de l’occupation étrangère.

Depuis la semaine dernière, les forces d’occupation étasuniennes ont commis de nombreux crimes de guerre dans la répression aveugle qu’elles ont fait subir, la semaine dernière, à la population de Falloujah et de nombreuses autres villes en Irak avec leurs avions F-16, leurs hélicoptères Apache et leurs bombes à fragmentation. Sous prétexte de rechercher les coupables de la mort de quatre mercenaires, c’est un véritable châtiment collectif qui a été infligé à la population de Falloujah, tuant plus de 600 personnes et en blessant plus de 1 200 personnes, en majorité des civils parmi lesquels on compte de nombreux enfants. De nombreux rapports ont fait état de tireurs d’élite visant délibérément les ambulances et toute personne tentant de porter secours aux blessés ou de récupérer le corps des morts dans les rues. Des convois humanitaires apportant vivres et médicaments à la population assiégée ont été bloqués.

D’autre part, une violence indiscriminée a aussi été utilisée contre de nombreuses villes et quartiers chiites où des soulèvements ont eu lieu, en réponse aux gestes de provocation des forces d’occupation vis-à-vis le leader Moqtada El-Sadr et ses partisans. En effet, on ne peut qualifier autrement la fermeture de son journal – désapprouvée même par le ministre de l’information – et l’arrestation de plusieurs de ses assistants. L’encerclement actuel de Najaf par les forces étasuniennes et leur volonté annoncée de prendre Moqtada El-Sadr « mort ou vif » ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu !

Face à cette crise humanitaire, un silence total de la part du gouvernement du Canada. Bien loin de prendre publiquement position contre ces crimes et d’appeler au respect des conventions internationales, le gouvernement Martin a multiplié les concessions aux pressions étasuniennes, indiquant sa volonté de participer au bouclier antimissile, annonçant des investissements de 7 milliards pour l’Armée canadienne et prolongeant l’engagement des troupes canadiennes en Afghanistan pour une autre année.

Il y a un an, le Collectif Échec à la guerre s’est opposé à l’invasion illégale de l’Irak par les États-Unis et quelques alliés. Puis nous avons dénoncé l’occupation militaire étasunienne ainsi que les nouveaux mensonges – établir la démocratie et apporter la prospérité à l’Irak – professés pour la justifier, en remplacement des anciens.

Face aux privations qui perdurent et à la répression et aux humiliations quotidiennes qui caractérisent cette occupation, la population irakienne a clairement exprimé sa volonté que des élections générales soient tenues rapidement et que les troupes étrangères partent. Au lieu de cela, les États-Unis ont concocté un « transfert de souveraineté » pour le 30 juin, qui verrait les troupes d’occupation demeurer en Irak pendant encore des années et l’armée irakienne elle-même être placée sous commandement étasunien.

La démocratie en Irak ne sera pas possible avant le départ des forces d’occupation. Nous demandons au gouvernement du Canada de se dissocier de la politique étrangère des États-Unis et de demander la fin de l’occupation de l’Irak.