Rappelons d’abord que les États-Unis ont l’Irak dans leur mire depuis des décennies, soit depuis la nationalisation de l’industrie pétrolière, alors privée et étrangère, au début des années 1970. Et que depuis 1990, lorsque le Koweït fut envahi par l’Irak, les États-Unis n’ont jamais cessé de déployer contre ce pays leur terrible arsenal de destruction alternant entre guerre, sanctions (que certains ont qualifié de génocidaires) et guerre encore. L’annonce du retrait de leurs troupes est donc, en soi, une bonne nouvelle ! Mais qu’en est-il au juste ?
Selon le plan annoncé par Barak Obama, le retrait des quelques 146 000 soldats étasuniens de l’Irak s’échelonnerait ainsi : 12 000 au cours des prochains six mois, puis le gros des « troupes de combat » d’ici la fin du mois d’août 2010, tout en maintenant une « force résiduelle » d’environ 50 000 soldats jusqu’à la fin de 2011. Une première constatation s’impose : ce plan assure que l’occupation militaire étasunienne se poursuivra pendant encore près de trois ans ! De plus, les États-Unis pourraient intensifier leur guerre aérienne pour suppléer à une diminution de présence de leurs troupes. D’autre part, ce plan ne dit rien concernant les quelques 150 000 mercenaires et contracteurs privés qui font partie intégrante des effectifs armés étasuniens en Irak. La fin de l’occupation militaire du pays n’est donc pas pour bientôt.
Mais la mainmise des États-Unis sur l’Irak n’est pas que militaire. L’ouverture récente de leur méga-ambassade à Bagdad, située près des édifices gouvernementaux au cœur de la « Green Zone » fortifiée, pose effectivement aux Irakiens et aux Irakiennes la question de qui exerce réellement le pouvoir dans leur pays; cette ambassade a coûté 700 millions de dollars et est dix fois plus grande que toute autre ambassade étasunienne dans le monde : un complexe de 21 édifices qui serait six fois plus grand que celui des Nations Unies à New York !
Finalement, nous assistons présentement au retour en Irak des compagnies pétrolières Exxon Mobil, Shell, Total, BP et Chevron qui ont récemment négocié des ententes de service – sans appels d’offre – et qui ont de bonnes chances, dans cette nouvelle conjoncture, de décrocher les fabuleux contrats que l’Irak allouera dans la prochaine année pour l’exploitation de six grandes nappes pétrolifères.