Le Collectif Échec à la guerre saisit cette occasion pour rappeler au ministre et aux organisateurs du colloque que la majorité de la population québécoise est clairement opposée à la présence militaire du Canada en Afghanistan et demande le retour des troupes. Non pas en février 2009 ou, pire encore, à une date ultérieure indéterminée – comme le souhaiterait le gouvernement conservateur – mais maintenant. Et si nous sommes de cet avis, ce n’est pas parce que nous ne comprenons pas les enjeux ou que nous ne sommes pas assez braves pour faire les sacrifices qui s’imposent… Mais plutôt parce que – analyses à l’appui – nous ne croyons pas que la présence étrangère en Afghanistan soit motivée par la démocratie, les droits des femmes ou la reconstruction du pays mais plutôt par des considérations stratégiques et économiques beaucoup moins honorables.
Un tel point de vue, qui est loin d’être marginal au Québec et au Canada, ne trouvera cependant pas à s’exprimer au sein des panels de spécialistes réunis pour ce colloque international de deux jours. Financé par l’OTAN, le Gouvernement du Canada et des entreprises du complexe militaro-industriel telles Bell Helicopter, General Dynamics et Rheinmetal Defense, le colloque fait en effet la part plus que belle à des conférenciers comme le secrétaire-général adjoint (opérations) de l’OTAN, le chef de mission canadien à Kandahar, l’ambassadeur de l’Afghanistan au Canada, le commandant du contingent canadien à Kandahar, de même que des représentants du US Army War College et de la Banque mondiale… Quand des colloques ou des centres de recherches sur la politique étrangère et le rôle militaire du Canada à l’étranger sont principalement financés par ceux-là mêmes qui prennent les décisions ou qui en tirent directement bénéfice, n’y a-t-il pas de sérieuses questions à se poser sur l’indépendance des positions qui y sont développées ?