L’an dernier, sous la férule de Trump, les dépenses militaires mondiales ont atteint un niveau historique
Par Jessica Corbett, rédactrice attitrée Common Dreams, 29 avril 2019
Texte original en anglais – [Traduction : Claire Lapointe ; révision : Échec à la guerre]
Selon une nouvelle analyse publiée lundi, les dépenses militaires mondiales ont atteint leur plus haut niveau depuis deux décennies. En tête de file des augmentations – les États-Unis et la Chine.
Dans son dernier rapport annuel, l’Institut international de recherche pour la paix de Stockholm (SIPRI) révèle que, en 2018, l’ensemble des pays ont injecté collectivement 1,82 mille milliards de dollars dans leurs forces armées respectives, 2,6 % de plus que l’année précédente. Les dépenses des États-Unis et de la Chine totalisent conjointement environ la moitié de ces dépenses.
« L’augmentation des dépenses des États-Unis est imputable à la mise en œuvre dès 2017 de nouveaux programmes d’achat d’armement sous l’administration Trump », a déclaré Aude Fleurant, directrice du programme Armements et dépenses militaires (AMEX) de SIPRI.
L’année dernière, les dépenses militaires étatsuniennes, qui représentent plus du tiers des dépenses mondiales en cette matière, ont augmenté pour la première fois en sept ans. La hausse était de 4,6 %, pour atteindre 649 milliards de dollars.
Nan Tian, chercheuse au SIPRI, a déclaré au diffuseur allemand Deutsche Welle que cette tendance va se poursuive.
« Les É.-U. ont amorcé la mise en œuvre d’un nouveau programme de modernisation de l’armée qui débutera en 2019 ou 2020 », ajoute madame Tian. « Cela est une dépense d’environ 1,8 mille milliards de dollars au cours des 20 prochaines années. Ce montant astronomique englobe aussi bien les armes classiques que l’arsenal nucléaire ».
Les progressistes ne cessent de critiquer la priorité qu’accorde le président Trump aux dépenses militaires, particulièrement dans un contexte de manque de fonds dans d’autres domaines, tels que l’éducation, le logement, l’assainissement de l’air et de l’eau.
La récente proposition budgétaire de M. Trump « consacre des milliards de dollars à la militarisation, alors qu’il coupe dans de plus petits programmes, tel la lutte à la pauvreté », comme l’ont écrit le mois dernier dans The Guardian, Lindsay Koshgarian du National Priorities Project et les Rév. William J. Barber II et Liz Theoharis.
« Depuis trop longtemps, les budgets assurent la sécurité d’un petit nombre de personnes riches et puissantes plutôt que celle des nombreuses personnes démunies et en situation d’exclusion », ont-ils ajouté, reconnaissant du même souffle la contribution des présidents précédents à l’expansion militaire. « Une véritable sécurité suppose l’instauration de la paix, de la justice et la garantie du bien-être matériel et de la liberté pour tous, y compris pour les générations futures ».
La Chine, qui est arrivée deuxième selon l’analyse de SIPRI, a dépensé 250 milliards de dollars dans le secteur militaire en 2018.
Madame Tian a déclaré que « la hausse des dépenses militaires chinoises suit la croissance économique globale du pays ». « Chaque année, depuis 2013, la Chine a alloué 1,9 % de son PIB au domaine militaire ».
Le rapport énumère les pays qui attribuent des sommes colossales au secteur militaire, notamment l’Arabie saoudite (67,6 milliards de dollars), l’Inde (66,5 milliards de dollars), la France (63,8 milliards de dollars), la Russie (61,4 milliards de dollars), le Royaume-Uni (50 milliards de dollars), l’Allemagne (49,5 milliards de dollars), le Japon (46,6 milliards de dollars) et la Corée du Sud (43,1 milliards de dollars).
L’Arabie saoudite a diminué ses dépenses militaires par rapport à l’année précédente. Cependant, le royaume — qui, de concert avec les Émirats arabes unis, mène une guerre au Yémen, avec l’appui des É.-U. et de la Grande Bretagne — se classe toujours en tête du peloton mondial en termes de dépenses militaires par habitant. Les États-Unis occupent le deuxième rang.
Dans l’ensemble, le SIPRI a constaté que les dépenses militaires ont augmenté en Amérique centrale et dans les Caraïbes, en Europe centrale, en Asie centrale et du Sud, en Asie orientale, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et en Europe occidentale. Elles ont cependant diminué en Europe de l’Est, en Afrique du Nord, en Océanie, en Asie du Sud-Est, en Afrique subsaharienne et dans les pays du Moyen-Orient pour lesquels des données sont disponibles.
SIPRI a établi une fiche d’information (PDF) qui ventile les dépenses militaires des pays en fonction des items suivants : les forces armées, les ministères de la défense et les organismes gouvernementaux connexes, les forces paramilitaires et les activités spatiales militaires. Ce tableau comprend également les salaires et régimes de retraite de tout le personnel concerné « ainsi que les dépenses liées aux opérations et à l’entretien, aux achats, à la recherche et au développement militaires et à l’aide militaire ».
Près de la moitié des 15 pays qui dépensent le plus — le Canada, la France, l’Allemagne, l’Italie, la Turquie, le Royaume-Uni et les États-Unis — sont membres de l’OTAN, une alliance militaire internationale regroupant 29 pays nord-américains et européens. En 2018, les pays de l’OTAN ont investi au total 963 milliards de dollars dans leurs forces armées, soit plus de la moitié des dépenses mondiales.