Coquelicots (traduction française de Poppies)
musique : Éric Auclair, Karen Young
avec leurs coquelicots et leurs pancartes
arborant Soutenons nos troupes, pas nos ennemis
et imposant leurs visées incompréhensibles.Car depuis quand un enfant en pleur
et une mère effrayée sont-ils mes ennemis?
Ils disaient que notre intention est de les aider
dans leur lutte pour une paisible autonomie.Mais avec nos bombes nous les ramenons à l’âge de pierre,
sans empathie et sans remords.
Nous détruisons leur passé et leur présent.
Pour tout futur, ce cycle de vengeance et de mort.Et la ronde infernale continue encore et encore…
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
porter fièrement un coquelicot sur ma poitrine.
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
encourager personne dans ce match de vengeance et de mort.
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
attacher un ruban jaune à ma voiture.
Et je ne veux pas voir de revendeurs en uniforme
donner le goût de la guerre aux enfants de nos écoles.
Il semble que plus nous avons peur,
plus haut flottent les drapeaux.
Il semble que plus nous commettons de crimes,
plus nous proclamons que Dieu est de notre côté.
Fredonnez un peu votre hymne national.
Il n’y est question que de gloire, de fusils et de fierté.
Et bien, votre ennemi fredonne les mêmes mensonges.
Pour en finir, il faudra que cette fièvre tombe.
Qui ? quand ? et combien de temps nous faudra-t-il
pour nettoyer ce gâchis, pour compenser tout ce qui a été perdu
par les gagnants autant que par les perdants ?
Nous ne saurons jamais combien tout cela nous a coûté.
Et devrons-nous payer de notre accoutumance
à leur seule culture commerciale… le pavot ?[1]
X X X
À l’horizon arrivent d’abord les prêtres et les saints hommes
pour sanctifier leur guerre sainte et pour nous sauver de notre conscience.
Viennent ensuite les journalistes qui leur sont incorporés,
pour mieux déshumaniser l’ennemi.
Puis les généraux et les politiciens
marchent derrière, remorquant des fantassins aux visages d’enfants.
Ils les emmènent avec des chaînes :
des chaînes dorées, payées par l’argent de nos impôts;
des chaînes à pointes d’uranium, inventées par nos scientifiques;
et des chaînes de velours bleu, susurrées par nos artistes du divertissement.
Et tout au long du grand fossé, ce golfe qui sépare
ceux qui s’avancent pour servir la cause
et ceux qui résistent à la tentation et qui tombent…
déloyaux dans les mâchoires de l’histoire.
Mais ils brillent à travers toute cette encre rouge-sang…
X X X
Elle est perdue, perdue, perdue,
la communauté est perdue.
Il est perdu, perdu, perdu,
le pardon est perdu.
Perdue, perdu, jusqu’à ce que nous essuyions la suie
de l’immense brasier de la guerre
et que nous puissions nous percevoir à nouveau comme voisins.
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
agiter des drapeaux ou chanter des hymnes au sang de l’agneau.
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
soutenir nos troupes, sauf pour les ramener vivants à la maison.
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
envoyer fièrement mon enfant se faire tuer.
C’est pour cela que vous ne me verrez pas
porter un coquelicot, quand on descendra de l’avion le cercueil recouvert d’un drapeau.
X X X
[1] NDLT : En anglais, ces deux lignes sont « And will we pay with our addiction to their only cash crop of… poppies ? » En anglais, le même mot, poppy, est utilisé pour le coquelicot et pour la fleur du pavot. Malheureusement, la traduction française ne rend pas ce double sens.