La petite histoire du coquelicot blanc

L’idée du coquelicot blanc a commencé à germer en Angleterre en 1926. La Première Guerre mondiale avait entraîné la mort de 10 millions de soldats et d’un million et demi de civils. Le coquelicot rouge était porté depuis 1921 à la mémoire des soldats morts à cette guerre et les fonds recueillis par sa vente allaient au Haig Fund qui venait en aide aux vétérans et à leur famille. Le mouvement pacifiste No More War Movement proposa de remplacer les mots Haig Fund au centre du coquelicot par No More War (Jamais plus la guerre).  Suite au refus naquit l’idée de créer un autre symbole.

Visuel du Peace Pledge Union de Grande-Bretagne.

En novembre 1933, dans le contexte d’une nouvelle montée des tensions au niveau international, la première campagne du coquelicot blanc fut lancée en Angleterre par la Co-operative Women’s Guild (CWG). Le coquelicot blanc ne se voulait pas un affront au coquelicot rouge. D’ailleurs, plusieurs des femmes de ce mouvement avaient perdu un membre de leur famille à la guerre. Elles voulaient plutôt commémorer toutes les victimes de la guerre et contrer les courants militaristes de l’époque. En 1936, le Peace Pledge Union, mouvement pacifiste nouvellement formé, appuya cette initiative et, par la suite, prit en charge la production et la distribution des coquelicots blancs jusqu’à aujourd’hui.

Au Canada, la campagne des coquelicots blancs prend son essor en 1998, suite à la publication d’un article dans le bulletin de Conscience Canada, un groupe d’objecteurs de conscience qui appelle à retenir la part d’impôts qui sert aux dépenses militaires. L’année suivante, un dépliant en appui à cette campagne a circulé parmi des groupes engagés pour la paix dans différentes régions du pays. Un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale, Frank Knelman, expliquait alors qu’il voulait non seulement se souvenir de ceux qui ont combattu et souffert comme soldats, mais qu’il voulait travailler à empêcher la guerre et à mettre fin au militarisme. « Je veux me souvenir que 95 % des victimes dans les guerres modernes sont des civils », disait-il.

Nous savons que les guerres du 20e siècle ont causé la mort de plus de 200 millions de personnes. Et nous constatons, depuis plusieurs années, la recrudescence du militarisme au Canada : participation à la guerre d’occupation en Afghanistan, aux bombardements contre la Libye puis en Irak et en Syrie, envoi de troupes en Lettonie, croissance vertigineuse des dépenses militaires, promotion d’une nouvelle prospérité économique fondée sur l’expansion de l’industrie militaire, omniprésence de l’armée et glorification de la guerre par diverses commémorations…

En 2011, le Collectif Échec à guerre a décidé d’emboiter le pas et de lancer la campagne annuelle du coquelicot blanc au Québec, pour rendre visible le mouvement d’opposition à cette montée du militarisme et pour rappeler que les victimes des guerres – toutes les personnes tuées, blessées, emprisonnées, déplacées, réfugiées, violées – sont non seulement des militaires mais aussi, et surtout, des civiles. L’afflux en Europe d’une partie seulement des millions de réfugié-e-s fuyant les guerres en Afghanistan, en Irak, en Libye et en Syrie nous a révélé certaines des conséquences effroyables de ces guerres, trop souvent occultées.

Alors que nous assistons à un bras de fer entre les grands de ce monde, il est d’autant plus urgent de porter le coquelicot blanc pour dire NON à la guerre et NON au militarisme. Soyons solidaire avec les millions de réfugié-e-s et toutes les victimes des guerres!