Politique de Défense du Canada: protection et sécurité pour qui?
Lettre diffusée dans le cadre du 21 septembre 2017, Journée internationale de la paix,
Dévoilée en juin dernier, la nouvelle Politique canadienne de Défense, intitulée « Protection, Sécurité, Engagement » préconise le renforcement du partenariat Canada-États-Unis et privilégie la voie militaire pour « augmenter la paix et la sécurité dans le monde ».
Cette Politique de défense prévoit une augmentation du budget militaire de 70 % en dix ans, passant de 18,9 milliards en 2016-2017 à 32,7 milliards en 2026-27. Le gouvernement Trudeau aurait cédé aux pressions du Président Trump pour que les pays membres de l’OTAN augmentent leurs contributions en vue d’atteindre l’objectif de 2 % du produit national brut (PIB). On est en droit de se demander quelle menace pèse tant sur le Canada pour justifier une telle augmentation des dépenses militaires dans un contexte d’austérité, alors que le Canada ne contribue qu’à hauteur de 0,26 % à l’aide publique au développement et que les besoins sociaux au pays sont tellement criants.
Le Canada : un acteur crédible sur la scène internationale?
Loin d’assurer « protection et sécurité », la Politique annonce plutôt « l’engagement ferme du Canada auprès de NORAD et de l’OTAN » et sa volonté d’être « un acteur crédible et engagé à l’échelle internationale ». Mais comment le Canada peut-il prétendre travailler pour la paix dans le monde en participant aux missions militaires menées sous l’égide de l’OTAN? Une réelle sécurité collective passe plutôt par une rupture avec cette vision militariste et fondamentalement impérialiste.
La Politique contient aussi beaucoup de promesses d’achat – navires de combat de surface, chasseurs sophistiqués, systèmes télépilotés, communément appelés « drones », etc. Elle prévoit aussi que le Canada se dotera de la capacité d’intervenir sur plusieurs fronts à la fois, c’est-à-dire de mener des guerres simultanément dans plusieurs pays. Pourtant en 2016, le gouvernement Trudeau avait annoncé en grande pompe le retour du Canada aux opérations onusiennes de maintien de la paix. À ce jour, aucune annonce d’une participation canadienne à de telles opérations n’a été faite. La Politique de défense vise plutôt le renforcement du complexe militaro-industriel et le commerce international des armes.
Sur 20 ans, ce sont 62 milliards en fonds nouveaux qui sont prévus en matière de « défense ». À n’en pas douter, ils ne serviront ni la cause de la paix, ni la stabilité dans le monde, par ailleurs dangereusement fragilisées par la menace nucléaire actuelle qui fait craindre de plus en plus le retour d’une nouvelle Guerre froide.
Dans ce contexte belliqueux, le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires a été adopté aux Nations unies en juillet dernier. Malheureusement, aucun des neuf pays détenteurs de l’arme nucléaire n’a pris part aux négociations. Aussi 28 des 29 pays membres de l’OTAN, dont le Canada, se sont abstenus de voter. Soumis à la signature à partir du 20 septembre, ce Traité entrera en vigueur après sa ratification par 50 pays membres et ne s’appliquera qu’aux signataires. Le Canada doit saisir cette occasion historique de signer cette entente multilatérale, une première en plus de 20 ans.
Appel à nos concitoyen.ne.s
En ce 21 septembre 2017, Journée internationale de la paix, il est illusoire de faire la promotion de la paix sans dénoncer tant la Politique de défense du gouvernement Trudeau que son abstention sur le vote d’adoption du nouveau Traité sur l’interdiction des armes nucléaires.
Pour signifier notre opposition au renforcement des politiques militaristes du gouvernement canadien et à sa participation à des missions offensives, nous porterons le coquelicot blanc jusqu’au 11 novembre, Jour du souvenir. Aussi nous invitons celles et ceux qui militent pour un monde sans guerre et sans arme nucléaire, à le porter en mémoire de toutes les victimes, majoritairement civiles, des conflits armés.
François Avard, auteur
Ariane Émond, journaliste indépendante, animatrice
Co-porte-paroles du Collectif Échec à la guerre