Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA)
[Traduction : Viviane Aubé]
Faits saillants :
- Depuis le 26 mars, 4,4 millions de personnes ont reçu de l’aide humanitaire.
- Le système de santé national a atteint le point de rupture. Les cas de fièvre dengue se multiplient, les maladies chroniques ne sont pas suffisamment traitées et le personnel médical ou les fournitures médicales de première nécessité ne peuvent plus parvenir aux personnes dans le besoin.
- Le commerce et l’importation de nourriture, de médicaments ou de carburant sont pratiquement paralysés. Les aéroports et les ports maritimes opèrent à capacité minimale et le réseau routier est non fonctionnel.
- La violence et l’insécurité affaiblissent encore davantage les filets de protection et de sécurité sociale déjà précaires.
- Des obstacles de taille s’accumulent. Les humanitaires courent des risques importants, mais ils continuent de porter secours aux populations.
21,1 millions de personnes touchées
11,7 millions de personnes visées par l’assistance en 2015
1 019 762 individus déplacés à l’intérieur du pays
1,6 milliards $ US en financement requis pour qu’une assistance critique d’importance vitale puisse être fournie
3 083 morts déclarés résultant du conflit
14 324 blessés déclarés résultant du conflit
Vue d’ensemble de la situation
Le système de santé du Yémen est au bord de l’effondrement. Les cas de fièvre dengue continuent d’augmenter et d’entraîner la mort des personnes atteintes : les autorités locales d’Aden rapportent 8 000 cas (le double du nombre rapporté il y a deux semaines) et près de 590 décès (cinq fois plus que le nombre rapporté il y a deux semaines). Chaque jour, en moyenne, la ville d’Aden enregistre 150 nouveaux cas de fièvre dengue et 11 décès attribués à cette maladie. L’OMS signale également un risque élevé de déclenchement d’une épidémie de poliomyélite (le Yémen était reconnu, depuis 2006, comme un pays où la polio avait été éradiquée). En outre, on appréhende un plus grand nombre encore de déplacements pour fuir des foyers de maladies comme la dengue, la rougeole, la rubéole ou le paludisme. Enfin, la détérioration du système de santé menace la vie des gens atteints de maladies chroniques potentiellement mortelles, mais non transmissibles.
Les importations de carburant se situent actuellement à 11 % du chiffre atteint avant la crise. En ce qui concerne les céréales, le pays enregistre un déficit de 400 000 tonnes et les ports yéménites continuent d’opérer à une fraction seulement de leur capacité d’avant crise. L’insécurité rend le plus grand port du pays, Aden, pratiquement inaccessible, et les rapports font continuellement état de navires transportant des cargaisons humanitaires qui n’ont pas pu amarrer au port. La raffinerie pétrolière du port d’Aden a subi une attaque le 28 juin et les conséquences de l’incendie qui s’en est suivi sont en train d’être évaluées. Seulement deux postes à quai sur huit sont en service au port d’Al Hudaydah. L’attente en mer ainsi imposée aux cargaisons commerciales et humanitaires augmente les coûts d’expédition, ce qui va conduire à une hausse des prix sur le marché.
Les obstacles à l’aide humanitaire au Yémen sont énormes. Le manque de diésel signifie que le blé importé ne peut pas être moulu et ne peut donc pas être consommé, que les générateurs dans les hôpitaux ne peuvent pas fonctionner et que l’approvisionnement en eau de millions de personnes est menacé. Les routes ne sont pas suffisamment sécuritaires pour acheminer les marchandises à travers le pays et les partenaires humanitaires sur le terrain prennent des risques et s’exposent à des dangers lorsqu’ils tentent de rejoindre les personnes dans le besoin. Or, avant l’escalade de la violence, le Yémen importait 90 % de ses aliments et 80 % de ses fournitures médicales et pharmaceutiques.
Plus de 21 millions de personnes requièrent une forme ou une autre d’aide humanitaire. Cette année, l’objectif des partenaires humanitaires sur le terrain est de porter assistance à 11,7 millions d’entre elles. Depuis le 26 mars, 4,4 millions de personnes ont reçu de l’aide. De toute urgence, il faut assurer que les hommes et les femmes touchés aient accès à des secours sans entraves et se sentent protégés lorsqu’ils recherchent de l’assistance ou veulent rencontrer des travailleurs et travailleuses humanitaires.