Environ 250 personnes ont manifesté dans les rues de Montréal, le 26 octobre 2014, pour dénoncer la participation du Canada à la troisième guerre en Irak.
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- Amélie Nguyen, au nom de l’AQOCI
- Geneviève Rochette (texte lu par Nesrine Bessaïh)
VIDÉO de ces deux interventions - Suzanne Loiselle, au nom du Collectif Échec à la guerre
VIDÉO de cette intervention - François Avard
VIDÉO de cette intervention
Intervention d’Amélie Nguyen, au nom de l’AQOCI
Amélie Nguyen, Association québécoise des organismes de coopération internationale (AQOCI)
Il faut se rappeler que cette guerre est illégale.
Ce n’est pas pour rien que les États se sont dotés de règles qui rendent l’approbation du Conseil de sécurité de l’ONU nécessaire avant d’intervenir, c’est pour empêcher le règne du plus fort. Nous sommes ici parce qu’il faut dire non à la domination des relations internationales par l’Occident.
Il est complètement absurde d’aller à la guerre pour régler les problèmes crées par une autre guerre. Avec l’Afghanistan, la Libye, et aujourd’hui l’Irak, il y a déjà 13 ans que le Canada est en guerre. Quand est-ce que ça prendra fin?
Intervenir militairement de manière arbitraire à l’étranger, en fonction des intérêts des plus forts, crée un espace de non-droit, engendre du ressentiment et contribue à la radicalisation des populations ciblées. Le Canada mine la propagation de la démocratie et la sécurité internationale en agissant de cette manière. N’oublions pas que ce sont en majeure partie les civils et en particulier les femmes qui sont les victimes des guerres.
Au cours des dernières années, on a vu la politique étrangère canadienne se militariser de manière exponentielle. Les dépenses militaires ont augmenté de 54% entre 2005-2006 et 2010-201. Ce sont 8 milliards de dollars en argent public qui ne sont pas allés à nos services publics. On nous parle d’austérité, on coupe partout… pourquoi augmente-t-on autant ces financements? Est-ce vraiment le Canada, est-ce vraiment le Québec que nous voulons?
En coopération internationale, l’Agence canadienne de développement international à été intégrée au ministère des Affaires étrangères. On voit que la coopération internationale est de plus en plus assujettie aux objectifs de la politique étrangère canadienne. L’une des nouvelles priorités du « développement » est désormais de « promouvoir la stabilité et la sécurité » et elle inclut : la prévention et la réponse aux activités terroristes; la lutte à la criminalité transnationale organisée; et la lutte contre la prolifération des armes de destruction massive! En quoi cela permettra de répondre aux demandes des populations locales et de défendre leurs droits? Est-ce en bombardant que nous allons désormais « développer »?
Au Canada, on voit déjà que nos libertés civiles souffriront d’autant plus de ce modèle basé sur l’état d’exception : le nouveau projet de loi conservateur donnera des pouvoirs de surveillance inégalée. Tout individu semble désormais vu comme un potentiel ennemi aux yeux de l’État. Est-ce la fin de la présomption d’innocence?
À l’AQOCI, nous sommes convaincu-e-s qu’il y a d’autres solutions que de bombarder pour la paix.
Il faut mettre fin à cette intervention militaire néocoloniale et raciste. Ce sont avant tout les pays arabes qui sont attaqués;
Il ne faut pas céder à la peur et continuer à être critiques;
Il faut continuer à faire l’effort d’écouter et de comprendre l’Autre et être solidaire des luttes des peuples pour une plus grande justice sociale.
Non à la guerre, oui à la paix!
Intervention de Geneviève Rochette, comédienne
par Geneviève Rochette, co-porte-parole de la quatrième campagne annuelle québécoise du coquelicot blanc(en l’absence de Geneviève Rochette, son message a été lu par Nesrine Bessaïh, militante féministe à l’R des Centres de femmes du Québec)
Comment est-ce qu’on doit réagir à la violence? Quand je me sens attaqué, comment est-ce que je dois réagir? C’est sûr que ça demande réflexion…
J’espère que les gens qui nous gouvernent réfléchissent très sérieusement à la question, parce que C’EST TRÈS SÉRIEUX! On les a élus, enfin pas moi, mais y en a qui les ont élus pour qu’ils prennent des décisions, les plus éclairées possibles pour le bien de la population. Ça fait que j’espère qu’ils sont entourés de gens pleins de ressources pour les éclairer.
De mon côté, comme simple citoyenne, je tente de murir ma réflexion. Je suis pas très douée en mathématique, mais il y a une équation que je retiens très bien, parce qu’elle est toute simple: la violence + la violence = + plus de violence. C’est vrai comme 2+2=4, comme 0+0=0. Donc, si on a un tant soit peu l’esprit cartésien, comme nos vaillants gouvernements, c’est une équation qu’on devrait tous retenir.
Mais si on est pas bon en maths, c’est pas grave, parce qu’on a d’autres ressources pour réfléchir, comme la psychologie qui nous enseigne que la violence exprimée révèle souvent une violence subie et réprimée. Ça c’est formidable quand on sait ça, parce que ça nous permet de réfléchir à la cause, monter à la source du problème pour mieux l’éradiquer. Donc, quand un enfant, un individu, voir un peuple est violent, même si notre premier réflexe est la peur, on peut et on doit, à la lumière de notre grande connaissance de la psychologie, se demander d’où vient cette violence, le comment et le pourquoi? Certains diront que c’est peut-être un trop long détour pour arriver à la paix, mais ça vaut peut-être la peine de chercher la cause des causes, si ça nous permet d’y arriver à la sainte paix.
La cause des causes! Belle aventure, qui m’amène à une autre grande ressource mise à notre disposition : la philosophie. Pis ça c’est super, parce que y en a plein de grands philosophes qui depuis super longtemps, ont réfléchi à la question de la violence et de la guerre, pis on peut réellement avoir recours à leur pensée pour peu qu’on s’en donne la peine. Googler le mot paix sur la toile et vous serez submerger! Tiens je prends au hasard : Aristote et la paix, voyons ce que ça donne :
« L’objet de la guerre, c’est la paix! » (Aristote) Ah! Ben! Ça, c’était il y a plus de 1500 ans! C’est dire le détour pour arriver à la paix!
Mais c’est bon, là, je crois qu’aux nombres d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont morts à cause de la guerre depuis Aristote, me semble qu’on est dû pour une paix grasse et durable!
Voilà pourquoi j’appuie Échec à la guerre, parce que si l’objet de la guerre est la paix, on devrait depuis longtemps avoir compris que la guerre EST UN ÉCHEC!
Pis à tous ceux qui vont m’accuser d’être une utopiste parce que je crois à la paix et non à la guerre, je vous rassure tout de suite, vous avez raison. Je suis une utopiste.
Intervention de Suzanne Loiselle, au nom du Collectif Échec à la guerre
par Suzanne Loiselle, porte-parole du Collectif Échec à la guerre
Bonjour,
Nous sommes ici aujourd’hui pour dire non à la participation du Canada à la nouvelle guerre en Irak. C’est la 3e depuis 1991.
Nous sommes ici pour clamer haut et fort que cette guerre est illégale et qu’elle n’a rien à voir avec la protection des populations en Irak.
Nous dénonçons cette nouvelle offensive guerrière parce que, depuis longtemps, les résultats des guerres sont carrément destructeurs : escalade dans le nombre de victimes, en très grande majorité des victimes civiles, destruction d’infrastructures, particulièrement les services publics tels la santé, l’eau, l’éducation, et hausse spectaculaire des divisions internes dans les pays attaqués, etc.
Nous sommes ici pour dénoncer aussi la montée inquiétante du militarisme au Canada qui se manifeste, entre autres, dans
- le virage de la politique étrangère canadienne (intervention en Afghanistan, en Lybie, maintenant contre l’État islamiste). Nous sommes dirigées par des va-t-en guerre;
- l’intensification du recrutement militaire, en particulier chez les jeunes;
- la promotion de la dimension militaire en éducation et en recherche, sur les timbres postaux et sur les pièces de monnaie, etc.;
- l’omniprésence de l’armée dans la vie collective tant dans les événements culturels, commémoratifs que sportifs. C’était manifeste hier soir lors des cérémonies d’avant match des trois parties de hockey de la LNH (Montréal, Toronto et Calgary).
Nous affirmons publiquement notre refus de ce virage militariste de plus en plus marqué du gouvernement Harper; nous demandons la fin de l’implication du Canada dans la présente mission militaire menée dans le plus grand mépris des instruments légaux internationaux et des institutions internationales telles l’ONU.
C’est pour cela que, d’ici le 11 novembre prochain, nous porterons le coquelicot blanc pour marquer notre opposition à cette nouvelle guerre menée par les États-Unis et à laquelle participe le Canada.
Nous le porterons pour affirmer notre volonté d’en finir avec l’horreur de toutes les guerres.
Le 11 novembre, vous êtes toutes et tous invité.e.s à le porter à la mémoire de toutes les victimes des guerres.
Intervention de François Avard, auteur et scénariste
La paix est vraiment pas à mode.
La preuve: je suis son porte-parole…
par François Avard, co-porte-parole de la quatrième campagne annuelle québécoise du coquelicot blanc
La preuve : je suis ce qu’elle a trouvé d’mieux comme porte-parole!Mais comme vous, je suis de ceux qui croient que la guerre n’est pas une finalité.
– Pendant longtemps, on a pensé que les femmes étaient trop tartes pour voter;
– que l’homosexualité était une maladie;
– qu’en frappant nos enfants, on en faisait de meilleures personnes.
Eh ben depuis trop longtemps, on croit que la guerre est une solution.Refusez de croire que l’Canada est en guerre : c’est le gouvernement Harper qui est en guerre!Dans notre gentil monde confortable, la guerre, ceux qui la décident, c’est jamais ceux qui en souffrent.Quoique si on se fie aux informations, nos guerres font pus mal.
On nous relaie des images satellites, on dirait un jeu vidéo.
C’est fini, «tuer du monde» : astheure, on élimine des cibles.Oh, on va nous montrer des gestes barbares de l’«ennemi»!
Mais on va taire les mêmes gestes quand y sont faits par des pays «amis».On envoie des drones. Des avions sans pilote.
Faire une guerre illégale, des meurtres sans coupable.
Des bombardiers qui lancent des bombes intelligentes.
Faudrait m’expliquer qu’est-ce qu’y a d’intelligent à des bombes qui perpétuent les conflits, créent une nouvelle génération d’éclopés à vie
pis d’orphelins en furie.
C’est quand même fou d’penser qu’on vit dans un pays qui trouve l’argent pour envoyer des bombes sur la tête du monde à l’autre bout de la planète…
…mais qu’y a pus les moyens de me livrer mon courrier dans ma boîte à malle!
Y en aura toujours pour dire que «La guerre, ça fait partie de la vie. Même les animaux se tuent entre eux! » Oui, mais quand un tigre tue un zèbre, c’est pour assurer sa survie. Si les animaux raisonnaient comme les humains, les tigres tueraient les zèbres parce qu’y sont pas rayés d’la bonne couleur!
Y en aura toujours aussi pour dire que les pacifistes sont des mauviettes! Eh ben aujourd’hui, vous êtes la preuve du contraire! Pour s’afficher pacifiste, faut des couilles grosses comme ça!
Mais c’est quoi la paix au juste?
La définition la plus répandue, c’est « absence de guerre et de violence ».
C’est même pas une action! C’est une absence d’action!
Y a rien de plus facile à faire que de pas-faire-queuque-chose!
C’est passif! Chaque fois que tu te pognes le cul, c’est un pas vers la paix. Je rêve d’un monde où on se pognera tous le cul!
Mais si on veut agir quand même, qu’est-ce qu’on peut faire?
– ben d’abord, être ici, aujourd’hui, c’est un très bon début!
– on peut aussi écrire à son député, -si y sait lire-, pour marquer son opposition à toute militarisation et toute participation aux conflits.
– on peut surveiller ses investissements, ses placements, s’assurer de pas financer des entreprises qui tirent profits des conflits…
…et le 11 novembre, on peut porter le coquelicot blanc, pour marquer le souvenir de tous les Oubliés, les civils tués, les civils bombardés, les civils violés.Chus pas une icône de la mode, mais j’pense pas me tromper en disant que le blanc ça va avec toute!
Chers pacifistes, on a le vent dans face, mais on porte une flamme qui doit jamais s’éteindre.
Jusqu’au dernier pacifiste, y aura un espoir que le vent tourne et qu’on comprenne enfin que la guerre, c’est pus nécessaire.