Discours prononcé le 25 janvier 2020 par Raymond Legault, du Collectif Échec à la guerre.

25 janvier 2020, discours prononcé par Raymond Legault, du Collectif Échec à la guerre.

Manifestation le 25 janvier 2020 à Montréal: Journée mondiale de manifestation: Non à la guerre et aux sanctions contre l’Iran. (Voir les photos et les textes de tous les discours prononcés)

2020_01_25 Raymond Legault, Collectif Echec à la guerre. Photo Rémi Bachand

Nous sommes ici aujourd’hui pour dire NON à la guerre contre l’Iran. Non à toute une panoplie de moyens qui sont mis en œuvre pour forcer ce que les États-Unis appellent des « changements de régime ». Des moyens qui incluent d’abord les mensonges et la démonisation, des sanctions économiques et financières qui affectent massivement les populations, des provocations de toutes sortes et, éventuellement, la guerre.

Et en tant que citoyen.ne du Canada, nous sommes ici pour dire NON à toute participation du Canada, non seulement à cette guerre mais à l’ensemble de ses préparatifs, dans lesquels le Canada est lui aussi déjà engagé.

Car le Canada applique aussi des sanctions contre l’Iran. Des sanctions dont les impacts d’ensemble ne sont examinés par AUCN grand média corporatif. Comme pour les sanctions contre le Venezuela d’ailleurs, où le Canada joue un rôle de premier plan dans le projet de « changement de régime ». Comme pour les sanctions contre l’Irak, de 1990 à 2003, qui ont fait plus d’un million de victimes et auquel le Canada participait pleinement.

Car le Canada pratique aussi la démonisation. En mettant l’Iran sur sa liste de pays parrainant le terrorisme, mais évidemment pas l’Arabie saoudite ou d’autres pétromonarchies, ni Israël, ni les États-Unis, pour ne prendre que ces exemples. En présentant chaque année depuis 2003 aux Nations-Unies une résolution critiquant la situation des droits de la personne en Iran, mais évidemment pas en Arabie saoudite, en Palestine occupée par Israël, ni en Colombie, ni aux Philippines, ni dans tant d’autres pays où les droits de la personne sont bafoués quotidiennement mais où les corporations minières canadiennes font des affaires d’or.

Ici, soyons clair. Nous ne disons pas que la situation des droits de la personne en Iran ne mérite pas d’être dénoncée. Elle le mérite. Nous disons simplement que nous ne sommes pas dupes. Car le Canada – malgré ses belles paroles – n’est, au fond, PAS DU TOUT préoccupé par les droits de la personne… nulle part. La défense des droits de la personne n’est qu’un des instruments de la politique étrangère canadienne – comme de tous les pays dominants occidentaux d’ailleurs – un instrument à n’utiliser que contre les adversaires dans le jeu géostratégique mondial auquel le Canada participe comme allié fondamental de l’impérialisme étasunien.

L’Iran est dans la mire des États-Unis depuis 40 ans, avec une accalmie partielle qui a mené à l’Accord de Genève sur le nucléaire iranien. Puis les États-Unis s’en sont retirés, ont imposé des sanctions draconiennes et le reste qu’on sait.

Le gouvernement Trudeau a d’abord déploré le retrait étasunien de l’Accord, mais très rapidement il est revenu dans le rang et se dit depuis « préoccupé par le programme nucléaire iranien ». Plus récemment, face aux assassinats par drone commis par les États-Unis en Irak, en violation flagrante du droit international, le Canada n’a PAS dénoncé cet acte de guerre, mais a plutôt appelé « toutes les parties à la retenue », en ajoutant qu’il était « depuis longtemps préoccupé par les actions agressives » de l’Iran dans la région. Face à la menace de Trump de détruire 52 sites iraniens dont plusieurs de grande valeur culturelle, pas un mot du Canada. Et il y a quelques jours seulement, le Canada a salué le fait que la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne avaient entrepris des démarches en vertu de l’Accord de Vienne pour forcer l’Iran a en respecter intégralement les termes. À noter que les États-Unis avaient menacé ces trois pays d’imposer des tarifs de 25 % sur leurs automobiles s’ils ne le faisaient pas. Pas un mot du Canada là-dessus non plus.

En terminant, face aux menaces de guerre contre l’Iran, nous ne devons surtout pas perdre du vue les tendances lourdes de la politique étrangère canadienne.

Depuis 30 ans, le Canada a été impliqué dans TOUTES les guerres menées par les États-Unis. Contre l’Irak en 1991, en Somalie en 1993, contre la Serbie en 1999, contre l’Afghanistan en 2001, contre la Libye en 2011. Et Jean Chrétien a beau avoir déclaré que le Canada ne participerait pas à la guerre contre l’Irak en 2003, le Canada a y quand même participé de diverses façons et il y est d’ailleurs encore impliqué aujourd’hui.

Toutes ces guerres ont été des catastrophes pour les pays qui les ont subies. Des millions de morts et de blessés. Des infrastructures civiles en ruines. Le sectarisme ravivé Aucune avancée pour la démocratie. Aucun progrès concernant les droits de la personne. Quand les bombes commencent à tomber, les espaces de liberté qui existaient jusque là – si restreints soient-ils – tombent aussi immédiatement.

Notre devoir de solidarité envers le peuple iranien est de tout faire pour lui éviter une telle catastrophe. Ici, cela passe par la dénonciation de l’hypocrisie canadienne, de sa participation à la démonisation et aux sanctions contre l’Iran, et par la dénonciation de ses interventions militaires actuelles au Moyen-Orient.

NON à la guerre contre l’Iran !
NON à toute participation canadienne à cette guerre !
Troupes canadiennes, hors du Moyen-Orient !